Un autre monde
Dans un monde qui me dit à quel rythme vivre pour exalter tout mon être ou comment doser (et avec le sourire !) ma vie de famille et ma petite entreprise, qui me dit le pourquoi du comment et à quelle heure poster sur instagram et m’assaille d’informations XXL, je rêve d’autre chose. Un autre monde. Un monde ramené à la singularité des expériences de chacun, à la fluidité des différences, à l’invention que nous mettons dans nos vies. Cela suppose du temps… Mais le temps permet un autre regard, un léger déplacement de nos positionnements et nous pouvons en tirer de jolies constructions personnelles ou collectives. Mais voilà, il faut du temps…
Ça tombe bien, aujourd’hui est mon premier jour sans enfants depuis 4 mois ! Je vais pouvoir expérimenter en toute quiétude ma liberté du jour! Oui, un autre monde pour quelques heures ! Mon monde ! Je vais pouvoir tester ma résistance à la paresse et ma capacité à me surpasser ! Yoga, factures, shootings, écriture, veilles, lectures, tutos, projets… Ma to-do list déborde de partout … je suis à fond ! Au moins dix minutes d’activité intense… et quelque chose m’envahit de meilleur… le silence… oooh ce silence, si doux, enveloppant, tout autour de moi qui me dessine une journée d’été rien qu’à moi et m’emporte ailleurs…

Il fait très chaud, la lenteur s’installe. Je ferme les persiennes à demi et laisse sourire les voilages dans un joyeux rayon de soleil, je me sers une citronnade (enfin… de l’eau et du citron !) bien glacée et je plonge dans une douce torpeur… Je laisse voguer les impératifs vers d’autres contrées, je commence à échanger avec un membre du groupe The longest human sky. On parle d’imaginaire partagé, de ciel humain, du sens à placer dans ce que l’on fait et dans ce que l’on consomme. Le temps s’écoule, gracieux, harmonieux. Je traîne un peu sur l’insta de @inezandvinoodh et de la très créative @viviennewestwood, plonge dans des vidéos de Pipilotti Rist en écoutant la musique de mon ami MyNameisClaude et je me questionne sur l’âme de ce que l’on crée.

Qu’est ce qui fait à un moment donné qu’une certaine ampleur se fait sentir dans telle ou telle chose? Qu’un espace se crée pour y investir notre imaginaire? Pourquoi ça fait tant de bien? Je pense qu’au-delà de la beauté ou de la forme d’intelligence qu’il y a dans une oeuvre, une image ou un objet, il y a une zone vierge, rien que pour nous, qui s’appelle Liberté, et que l’on s’y installe tel que l’on est, avec notre imaginaire propre. J’ai voulu, avec farsonnage, privilégier cette zone, la faire parler, qu’elle raconte cette liberté qu’elle propose pour que notre imaginaire s’y prélasse et s’y propulse pour agir. Un peu comme un trampoline farsonnage existe pour faire rebondir dans la vie notre capacité d’imaginaire !
Aujourd’hui ce petit temps autre, privilégié, m’a faite rebondir autrement que ce à quoi je me destinais ; sa douceur, sa lenteur et sa chaleur enrobante m’ont embarquée sur une autre vague qui offre justement le temps « de ne pas choisir »… Ne pas choisir entre tout ce qui compte, ne pas hiérarchiser, trier, et tout organiser, et qui nous pousse à laisser parfois de côté un autre rythme, et de ce fait un autre paysage possible de nos actions.
Petite pépite de la vie aujourd’hui donc que cette bulle d'évasion qui m’a permis de faire quelques pas vers un autre monde :)
